29mars
19avril

Pænser les histoires

Exposition

— Lundi 31 mars à 18h : Vernissage

— Jeudi 3 avril à 18h : Conférence de Samir Boumediene; au Cinéma Orson Welles

Avec les oeuvres des étudiant.e.s du Master Arts Plastiques | UFR ARTS | UPJV

Avec Estena Achirafi, Clara Bauchy, Yaëlle Bedouet, Méline Belliard, Sarah Benfifi, Justine Beaumont, Lucie Billet, Daryna Chalbaieva, Périne Christiaen, Eugénie Clément, Marie Conti, Nicolas Cousin, Antoine Delabarre, Lena Delépine, Cassandre Ferreira Lopes, Carol-Anne Gisin, Marie Hauchecorne, Athis Hourdry--Soyez, Sonia Kara Mostefa, Vanille Kliber, Noémie Lecoq, Tiphaine Lerebours, Thiziri Manseur, Clotilde Martins Dias, N’Dri N’guessan Franck Esaïe, Lina Piccoli, Meïssane Santos De Oliveira, Erwan Souply

Des artistes de la collection du FRAC Picardie Hauts-de-France : Iris Kensmil, Clément Verger, Nancy Spero, Yazid Oulab, Maria Thereza Alves, Gudny Rosa Ingimarsdottir

Symbole d’une méthodologie historique pionnière et connectée, La Colonisation du savoir. Une histoire des plantes médicinales du Nouveau Monde [1492-1750] (Editions des mondes à faire, 2016) de Samir Boumediene s’ouvre sur l’appropriation des Indes. Portant sur la colonisation durant la période moderne, cette étude sur la circulation des savoirs entre les îles et le continent qu’on appelle Amérique assigne aux plantes – comme le tabac, le quinquina, la coca, le bois de gaïac ou le peyotl – le rôle de personnages principaux.

La Colonisation du savoir de Samir Boumediene se veut une histoire doublement politique. Politique, d’abord, parce que considérer les plantes comme protagonistes d’une histoire, c’est reconnaître leur statut d’êtres vivants et donc battre en brèche ce que Giovanni Aloi appelle la « cécité anthropocentrique ». L’ouvrage met ainsi en jeu le fait que les plantes soient porteuses d’un pouvoir transformateur sur lequel la médecine moderne européenne a capitalisé. Ensuite, parce que ce pouvoir transformateur, explique Samir Boumediene, fût lui-même déterminé par l’exploitation, le travail des hommes et l’arraisonnement de la terre : « pour que le bois de gaïac et le sucre opèrent leurs effets sur les corps, il faut une organisation du travail et de l’espace, avec tous les ravages que cela suppose ».

L’exposition Pænser les histoires rassemble des oeuvres de jeunes artistes - chercheur.se.s de l’Université de Picardie Jules Verne – Master Arts plastiques, présentées en résonance avec une sélection d’oeuvres du FRAC Picardie qui propose pour l’occasion certaines de ses dernières acquisitions. Elle aborde cette histoire globale des plantes médicinales par la transmission du savoir et des gestes. Envisager le pouvoir symbolique qui se loge au coeur de la transmission du savoir et des gestes – artistiques, artisanaux, etc. – constitue le terrain commun aux propositions des artistes, lesquelles véhiculent des savoirs spécifiques. Ces savoirs spécifiques qui articulent dominations et héritages épistémiques s’expriment au sein de dispositifs pluriels : certains évoquent les propriétés physiques, énergétiques des plantes, des écorces, des baumes, par une confrontation réelle avec la matière, quand d’autres les interrogent par l’image. À chaque fois, la matière est investie au prisme du corps convoquant des mémoires et des histoires si fragiles qu’il s’agit ici de penser et de panser.